"II. 1 - Mais il nous faut, dès le départ, nous poser cette question : celle de savoir s'il existe une technique du sublime ou de la profonfeur ; puisqu'il y a des gens pour penser que se trompent complètement ceux qui ramènent de telles choses à des préceptes techniques. Car, disent-ils, elle est innée, la sublime nature ; et son apparition n'est pas lié à l'enseignement ; il n'y a qu'une seule technique pour y arriver, c'est d'être né pour cela. A leur avis les oeuvres de nature sont enlaidies et tout à fait avilies par les règles techniques qui les momifient.
2 - Moi, je veux prouver au contraire qu'il en est tout autrement, si l'on veut bien considérer que la nature, de même que le plus souvent, dans les moments de pathétique et d'élévation, elle se donne à elle-même une règle, de même n'a pas coutume de se livrer au hasard ni d'être absolument sans méthode ; et que c'est elle qui fournit l'élément premier et archétypique pour la genèse de toute production, mais qu'en ce qui concerne les quantités et le temps, pour chaque chose, et la pratique et l'utilisation les plus sûres, c'est la méthode qui est capable d'en circonscrire les limites et d'y collaborer. La grandeur abandonnée à elle-même, sans la science, privée d'appui et de lest, court les pires dangers, en se livrant au seul emportement et à une ignorante audace ; car s'il lui faut souvent l'aiguillon, il lui faut aussi le frein."
• pseudo-Longin, Traité du sublime.
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