"Ce caravansérail qu'on appelle le monde tombe à double couleur, que jour ou nuit inonde..."
Omar Khayam
Un récit écrit à quatre mains, à l'encre généreuse. Un jour de déveine devenue éternité. Un horizon neuf qui s'offre comme un pain chaud ou une amante en fleur. Une vie qui s'en va, volatile ainsi que l'ouate. Un vieillard, en panne d'entrain, qui s'accroche à la vie comme l'ongle à la chair. A chaque être son chemin de Damas. Bestiaire de songes.
Répondre à la question "Qui suis-je", c'est se faire Dieu, sortir de l'enfance, manier les quartiers de mots. Pourtant, le sabre de midi tombe sur nos têtes comme à l'accoutumée le soleil mène grand bal dans le ciel. Ici, la vie n'est pas un bateau ivre. On croise des semeurs de nuages, des dompteurs de verbe, des voix robotiques, des fragments de rêve, des funambules du bitume et des redresseurs d'ombre. De temps à autre, un bruit suspect touille l'oreille, sont-ce des pneus grinçants sur la route (pardon, de route il n'y a point, sinon en imagination) ? On murmure un doux filet musical, moitié divin moitié quotidien. On raconte le récit d'un mendiant qui, depuis quatre ans, met la vie a rude épreuve. Un soir, à la sortie de la prière, un quidam lui demande.
"Tu vois bien que ça ne sert à rien, le monde ne changera pas malgré ta volonté, alors pourquoi s'entêter, pourquoi continuer ?"
Et le mendiant de lui répondre :"Tu vois bien que ça ne sert à rien, le monde ne changera pas malgré ta volonté, alors pourquoi s'entêter, pourquoi continuer ?"
"Je continue pour que le monde ne change pas."
• Abdourahman A. Waberi, Cahier nomade, Nouvelles, Le Serpent à Plumes, 1996.
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