mercredi 20 février 2008

Hildegarde et les croisades


Hildegarde à Philippe, comte de Flandres

"Ô fils de Dieu, (et tu es mon fils puisqu'il t'a façonné dans le premier homme), écoute les paroles que, l'esprit et le corps vigilants, j'ai vues et entendues en mon âme, lorsque j'ai regardé vers la lumière de vérité pour répondre à ton insistance requête. Au paradis, Dieu a donné un commandement à Adam, mais après qu'Adam a violé ce commandement en suivant le conseil du serpent, Dieu l'a banni du paradis par un juste jugement. C'est aussi par un juste jugement que Dieu a submergé sous le déluge les hommes qui l'avaient trahi et l'avaient à ce point oublié qu'ils ne le désiraient plus ni le recherchaient, tandis que son arche sauvait du déluge ceux qui l'aimaient et le recherchaient. L'agneau doux et clément, c'est-à-dire le fils de Dieu, par le sang qu'il répandit sur la croix, lava tous les crimes et tous les péchés que l'homme reconnaît par vraie repentance.

A présent, ô fils de Dieu, prends garde à contempler Dieu du pur regard de la justice, tel l'aigle contemple le soleil, afin que tes jugements soient justes sans être marqués de ta volonté propre et que le juge suprême qui a donné sa loi à l'homme et que sa miséricorde appelle à lui par repentance, ne te dise : Pourquoi as-tu tué ton prochain en bafouant mes commandements ? Les hommes qui sont jugés coupables conformément aux écrits des saints, qui étaient les colonnes de l'Eglise, réfrène-les avec justice avec justice et crainte de la mort, en pensant sans cesse à la malédiction de cet homme qui commit un homicide sous la colère. Pour tous les manquements, les péchés et tous les jugements injustes dont tu t'es rendu coupable, réfugie-toi, en faisant le signe de la croix, auprès du Dieu vivant. Il est la Vérité et la Vie et il te dit : Je ne veux pas la mort du pécheur mais plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive."

Hildegarde von Bingen, Lettres, traduction du latin par Rebecca Lenoir, éd. Jérôme Millon, 2007.

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