dimanche 25 mai 2008

Continuités / discontinuités

"Rappelons-nous que, dans la littérature moderne, c'est la préoccupation d'une parole profondément continue qui a d'abord donné lieu, chez Lautréamont, chez Proust, puis dans le surréalisme, puis chez Joyce, des oeuvres évidemment scandaleuses. L'excès de continuité gêne le lecteur et gêne, chez le lecteur, les habitudes de la compréhension régulière. Lorsque André Breton ouvre l'espace de nos livres à ce qu'il nomme "la continuité absolue", lorsqu'il appelle celui qui écrit à se fier "au caractère inépuisable du murmure", s'il dérange alors nos façons de lire, c'est bien parce que l'esprit, dans sa démarche mesurée et méthodique, ne saurait faire face à l'intrusion immédiate de la totalité du réel (réel qui est précisément l'impossible continuité du "réel" et de "l'imaginaire").

• M. Blanchot, L'Entretien infini.

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