"Une jeune fille du nord est arrivée
dans ce cimetière,
il y a quelques années,
avec un modeste bouquet de fleurs pour Da
dont elle a cherché en vain la tombe.
C'est que Da vit aujourd'hui
dans mes livres.
Elle est entrée la tête haute
dans la fiction.
Comme d'autres ailleurs
montent au ciel."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du Monde, 2009
Mademoiselle Frog et les voleurs de feu
mercredi 8 septembre 2010
dimanche 29 août 2010
Vie sphérique
"Dans ces régions où l'on se raconte
ses rêves chaque matin
au moment du premier café
faisant du jour un simple prolongement de la nuit,
le voyageur se demande si cette tranquille assurance
face à la mort ne vient pas du fait que
le temps ne sert pas à mesurer la vie."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du Monde, 2009
• Robert Saint-Brice, Loas, Musée d'art haïtien, Port-au-Prince
A lire chez les Etonnant Voyageurs
ses rêves chaque matin
au moment du premier café
faisant du jour un simple prolongement de la nuit,
le voyageur se demande si cette tranquille assurance
face à la mort ne vient pas du fait que
le temps ne sert pas à mesurer la vie."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du Monde, 2009
• Robert Saint-Brice, Loas, Musée d'art haïtien, Port-au-Prince
A lire chez les Etonnant Voyageurs
samedi 28 août 2010
Les damnés de la terre
"Ces envoyés des organismes humanitaires arrivent à Port-au-Prince toujours pleins de bonnes intentions. Des missionnaires laïques qui vous regardent droit dans les yeux en vous débitant leur programme de charité chrétienne. Ils se répandent dans les médias à propos des changements qu'ils comptent apporter pour soulager la misère des pauvres gens. Le temps de faire un petit tour des bidonvilles et des ministères pour prendre le pouls de la situation. Ils comprennent si vite les règles du jeu (se faire servir par une nuée de domestiques et glisser dans sa grande poche une partie du budget alloué au projet qu'ils pilotent) qu'on se demande s'ils n'ont pas ça dans le sang – un atavisme de colon. Leur parade quand ils sont mis en face du projet initial c'est qu'Haïti semble inapte au changement. Pourtant ils continuent dans la presse internationale à dénoncer la corruption dans ce pays. Tous les journalistes de passage savent bien qu'il faut passer prendre un verre près de leur piscine pour avoir cette information solide venant de gens objectifs et honnêtes – les Haïtiens, on le sait, ne sont pas fiables. Ces journalistes ne se demandent jamais comment se fait-il que ces gens vivent dans de telles villas quand ils se disent ici pour aider les damnés de la terre à s'en sortir.
dans son histoire
c'est parce qu'on a tenté de changer
les choses au moins trente-deux fois."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du monde, 2009.
vendredi 27 août 2010
Au moment voulu
"Il y a autant de mystère à s'approcher
d'un être qu'à s'en éloigner.
Entre ces deux moments
se déploient l'étouffante vie quotidienne
et son cortège de petits secrets."
"La nuque d'un lecteur debout au fond.
Son profil gauche.
Mâchoire serrée.
Concentration massive.
Il s'apprête à changer de siècle.
Là, sous mes yeux.
Sans bruit.
J'ai toujours pensé
que c'était le livre qui franchissait
les siècles jusqu'à nous.
Jusqu'à ce que je comprenne
en voyant cet homme
que c'est le lecteur qui fait le déplacement."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du monde, 2009.
• Salvador Dalì, Montre molle au moment de sa première explosion
d'un être qu'à s'en éloigner.
Entre ces deux moments
se déploient l'étouffante vie quotidienne
et son cortège de petits secrets."
"La nuque d'un lecteur debout au fond.
Son profil gauche.
Mâchoire serrée.
Concentration massive.
Il s'apprête à changer de siècle.
Là, sous mes yeux.
Sans bruit.
J'ai toujours pensé
que c'était le livre qui franchissait
les siècles jusqu'à nous.
Jusqu'à ce que je comprenne
en voyant cet homme
que c'est le lecteur qui fait le déplacement."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du monde, 2009.
• Salvador Dalì, Montre molle au moment de sa première explosion
jeudi 26 août 2010
L'instant et ses frontières
"Le bon moment
Il arrive toujours ce moment.
Le moment de partir.
On peut bien traîner encore un peu
à faire des adieux inutiles et à ramasser
des choses qu'on jettera en chemin.
Le moment nous regarde
et on sait qu'il ne reculera plus.
L'instant du départ nous attend à la porte.
Comme quelque chose dont on sent la présence
mais qu'on ne peut toucher.
Dans la réalité, il prend l'aspect d'une valise.
[...] *
En fait, la véritable opposition n'est pas
entre les pays, si différent soient-ils,
mais entre ceux qui ont l'habitude
de vivre sous d'autres latitudes
(même dans une condition d'infériorité)
et ceux qui n'ont jamais fait face
à une culture autre que la leur.
Seul le voyage sans billet de retour
peut nous sauver de la famille, du sang
et de l'esprit de clocher.
Ceux qui n'ont jamais quitté leur village
s'installent dans un temps immobile
qui peut se révéler, à la longue, nocif pour le caractère.
Pour les trois quarts des gens de cette planète
il n'y a qu'une forme de voyage possible
c'est de se retrouver sans papiers
dans un pays dont on ignore la langue et les mœurs.
On se trompe à les accuser
de vouloir changer
la vie des autres
quand ils n'ont
aucune prise
sur leur propre vie.
Si on veut vraiment partir, il faut oublier
l'idée même de la valise.
Les choses ne nous appartiennent pas."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du monde, 2009.
Il arrive toujours ce moment.
Le moment de partir.
On peut bien traîner encore un peu
à faire des adieux inutiles et à ramasser
des choses qu'on jettera en chemin.
Le moment nous regarde
et on sait qu'il ne reculera plus.
L'instant du départ nous attend à la porte.
Comme quelque chose dont on sent la présence
mais qu'on ne peut toucher.
Dans la réalité, il prend l'aspect d'une valise.
[...] *
En fait, la véritable opposition n'est pas
entre les pays, si différent soient-ils,
mais entre ceux qui ont l'habitude
de vivre sous d'autres latitudes
(même dans une condition d'infériorité)
et ceux qui n'ont jamais fait face
à une culture autre que la leur.
Seul le voyage sans billet de retour
peut nous sauver de la famille, du sang
et de l'esprit de clocher.
Ceux qui n'ont jamais quitté leur village
s'installent dans un temps immobile
qui peut se révéler, à la longue, nocif pour le caractère.
Pour les trois quarts des gens de cette planète
il n'y a qu'une forme de voyage possible
c'est de se retrouver sans papiers
dans un pays dont on ignore la langue et les mœurs.
On se trompe à les accuser
de vouloir changer
la vie des autres
quand ils n'ont
aucune prise
sur leur propre vie.
Si on veut vraiment partir, il faut oublier
l'idée même de la valise.
Les choses ne nous appartiennent pas."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du monde, 2009.
Les baignoires tanguent aussi
"Du bon usage du sommeil
Je me suis endormi dans la baignoire rose.
Cette vieille fatigue
dont je fais semblant d'ignorer la cause
m'a emporté
vers des territoires inédits."
[Il dort ainsi pendant une éternité ; tout près, le recueil gondolé de Césaire]
"Les images percutantes de Césaire dansent maintenant sous mes yeux. Et cette lancinante rage tient plus du désir de vivre dans la dignité que de vouloir dénoncer la colonisation. Le poète m'aide à faire le lien entre cette douleur qui me déchire et le subtil sourire de mon père."
• Dany Laferrière, L'Enigme du retour, Grasset, le reste du monde, 2009.
lundi 1 septembre 2008
Trois couleurs
"Peut-on tuer les montagnes, les fleurs ? Oui, on peut. Le soldat tire et le danseur tombe. Une pluie de feu et de sang sur les montagnes, les fleurs, le soleil. Le garçon est tombé et ne se relève pas. Sous la poussière et le sang, le vert, le rouge et le jaune ternissent et se mélangent."
• S. Alexie, Kawa le Kurde, roman, L'Harmattan, 2005.
• S. Alexie, Kawa le Kurde, roman, L'Harmattan, 2005.
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