tag:blogger.com,1999:blog-32655822649684332122024-03-06T00:37:11.078+01:00Mademoiselle Frog et les voleurs de feuMademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.comBlogger60125tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-81336525063631088292010-09-08T09:54:00.000+02:002010-09-08T09:54:06.491+02:00Vies sphériques 2"Une jeune fille du nord est arrivée<br />
dans ce cimetière,<br />
il y a quelques années,<br />
avec un modeste bouquet de fleurs pour Da<br />
dont elle a cherché en vain la tombe.<br />
<br />
C'est que Da vit aujourd'hui<br />
dans mes livres.<br />
Elle est entrée la tête haute<br />
dans la fiction.<br />
Comme d'autres ailleurs<br />
montent au ciel."<br />
<br />
• Dany Laferrière, <i>L'Enigme du retour,</i> Grasset, le reste du Monde, 2009Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-47997681029478237652010-08-29T11:56:00.001+02:002010-08-29T12:01:53.621+02:00Vie sphérique<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYqbhkGWdj6VOsldRNOMoV-VLXvJQpg1lGf-sSXoDKZ8jTnJLSQzuGb46DogdQRNdrWGEbTwbRwSfvdDcr0kHjN6e8DfSjmD85KpzwHCmuZCeFAc1gM9wUMMyVXYEOmfDS-SiOVYV3aAeT/s1600/Drot-10-44d3d.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYqbhkGWdj6VOsldRNOMoV-VLXvJQpg1lGf-sSXoDKZ8jTnJLSQzuGb46DogdQRNdrWGEbTwbRwSfvdDcr0kHjN6e8DfSjmD85KpzwHCmuZCeFAc1gM9wUMMyVXYEOmfDS-SiOVYV3aAeT/s320/Drot-10-44d3d.jpg" width="248" /></a>"Dans ces régions où l'on se raconte<br />
ses rêves chaque matin<br />
au moment du premier café<br />
faisant du jour un simple prolongement de la nuit,<br />
le voyageur se demande si cette tranquille assurance<br />
face à la mort ne vient pas du fait que<br />
le temps ne sert pas à mesurer la vie."<br />
<br />
• Dany Laferrière, <i>L'Enigme du retour,</i> Grasset, le reste du Monde, 2009<br />
• Robert Saint-Brice, <i>Loas</i>, Musée d'art haïtien, Port-au-Prince<br />
<br />
<a href="http://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article4990">A lire chez les Etonnant Voyageurs</a>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-9077928294138061842010-08-28T10:56:00.000+02:002010-08-28T10:56:45.543+02:00Les damnés de la terre<div style="text-align: justify;">"Ces envoyés des organismes humanitaires arrivent à Port-au-Prince toujours pleins de bonnes intentions. Des missionnaires laïques qui vous regardent droit dans les yeux en vous débitant leur programme de charité chrétienne. Ils se répandent dans les médias à propos des changements qu'ils comptent apporter pour soulager la misère des pauvres gens. Le temps de faire un petit tour des bidonvilles et des ministères pour prendre le pouls de la situation. Ils comprennent si vite les règles du jeu (se faire servir par une nuée de domestiques et glisser dans sa grande poche une partie du budget alloué au projet qu'ils pilotent) qu'on se demande s'ils n'ont pas ça dans le sang – un atavisme de colon. Leur parade quand ils sont mis en face du projet initial c'est qu'Haïti semble inapte au changement. Pourtant ils continuent dans la presse internationale à dénoncer la corruption dans ce pays. Tous les journalistes de passage savent bien qu'il faut passer prendre un verre près de leur piscine pour avoir cette information solide venant de gens objectifs et honnêtes – les Haïtiens, on le sait, ne sont pas fiables. Ces journalistes ne se demandent jamais comment se fait-il que ces gens vivent dans de telles villas quand ils se disent ici pour aider les damnés de la terre à s'en sortir.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div>Si Haïti a connu trente-deux coups d'Etat<br />
dans son histoire<br />
c'est parce qu'on a tenté de changer<br />
les choses au moins trente-deux fois."<br />
<br />
• Dany Laferrière, <i>L'Enigme du retour</i>, Grasset, le reste du monde, 2009.Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-91649939688472018772010-08-27T08:21:00.005+02:002010-08-27T08:38:58.005+02:00Au moment voulu"Il y a autant de mystère à s'approcher<br />
d'un être qu'à s'en éloigner.<br />
Entre ces deux moments<br />
se déploient l'étouffante vie quotidienne<br />
et son cortège de petits secrets."<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNTX51swshMNjZtjIN7-0CtVmjw5PLyVhMq9hPT1z54gDndzOFmeAyhhzRLhwPM5XmW4HjfHjDwGYuVjCLVUEbtHbV6SwKScv4aWn-6qa__i43Dm4NyoJB4r-iqadscczeKdIuRlNFHt6j/s1600/dali1.1199530558.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNTX51swshMNjZtjIN7-0CtVmjw5PLyVhMq9hPT1z54gDndzOFmeAyhhzRLhwPM5XmW4HjfHjDwGYuVjCLVUEbtHbV6SwKScv4aWn-6qa__i43Dm4NyoJB4r-iqadscczeKdIuRlNFHt6j/s320/dali1.1199530558.jpeg" /></a></div>"La nuque d'un lecteur debout au fond.<br />
Son profil gauche.<br />
Mâchoire serrée.<br />
Concentration massive.<br />
Il s'apprête à changer de siècle.<br />
Là, sous mes yeux.<br />
Sans bruit.<br />
<br />
J'ai toujours pensé<br />
que c'était le livre qui franchissait<br />
les siècles jusqu'à nous.<br />
Jusqu'à ce que je comprenne<br />
en voyant cet homme<br />
que c'est le lecteur qui fait le déplacement."<br />
<br />
• Dany Laferrière, <i>L'Enigme du retour</i>, Grasset, le reste du monde, 2009.<br />
• Salvador Dalì, <i>Montre molle au moment de sa première explosion</i>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-29949122862912919632010-08-26T13:48:00.002+02:002010-08-26T13:52:11.834+02:00L'instant et ses frontières"<i>Le bon moment</i><br />
<br />
Il arrive toujours ce moment.<br />
Le moment de partir.<br />
On peut bien traîner encore un peu<br />
à faire des adieux inutiles et à ramasser<br />
des choses qu'on jettera en chemin.<br />
Le moment nous regarde<br />
et on sait qu'il ne reculera plus.<br />
<br />
L'instant du départ nous attend à la porte.<br />
Comme quelque chose dont on sent la présence<br />
mais qu'on ne peut toucher.<br />
Dans la réalité, il prend l'aspect d'une valise.<br />
<br />
[...] *<br />
<br />
En fait, la véritable opposition n'est pas<br />
entre les pays, si différent soient-ils,<br />
mais entre ceux qui ont l'habitude<br />
de vivre sous d'autres latitudes<br />
(même dans une condition d'infériorité)<br />
et ceux qui n'ont jamais fait face<br />
à une culture autre que la leur.<br />
<br />
Seul le voyage sans billet de retour<br />
peut nous sauver de la famille, du sang<br />
et de l'esprit de clocher.<br />
Ceux qui n'ont jamais quitté leur village<br />
s'installent dans un temps immobile<br />
qui peut se révéler, à la longue, nocif pour le caractère.<br />
<br />
Pour les trois quarts des gens de cette planète<br />
il n'y a qu'une forme de voyage possible<br />
c'est de se retrouver sans papiers<br />
dans un pays dont on ignore la langue et les mœurs.<br />
<br />
On se trompe à les accuser<br />
de vouloir changer<br />
la vie des autres<br />
quand ils n'ont<br />
aucune prise<br />
sur leur propre vie.<br />
<br />
Si on veut vraiment partir, il faut oublier<br />
l'idée même de la valise.<br />
Les choses ne nous appartiennent pas."<br />
<br />
<br />
• Dany Laferrière, <i>L'Enigme du retour</i>, Grasset, le reste du monde, 2009.Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-27724469745163152952010-08-26T13:25:00.000+02:002010-08-26T13:25:03.381+02:00Les baignoires tanguent aussi<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl0PLo1kfN7bRVEaik3cno55jNky6qz3Wam0rdzCGsyMydXkyBAVz2BdzIB-1pMi0Jj8cI-iVxAkRyzZyScCWsU9tdqZV8ZmLKuBWsijVP3MxetmfghckTpdzrKRDEBM3bTrtBmsRsOb5r/s1600/Capture+d%E2%80%99%C3%A9cran+2010-08-26+%C3%A0+13.16.29.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl0PLo1kfN7bRVEaik3cno55jNky6qz3Wam0rdzCGsyMydXkyBAVz2BdzIB-1pMi0Jj8cI-iVxAkRyzZyScCWsU9tdqZV8ZmLKuBWsijVP3MxetmfghckTpdzrKRDEBM3bTrtBmsRsOb5r/s320/Capture+d%E2%80%99%C3%A9cran+2010-08-26+%C3%A0+13.16.29.png" width="250" /></a></div><div style="text-align: justify;"><i>"Du bon usage du sommeil</i></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Je me suis endormi dans la baignoire rose.</div><div style="text-align: justify;">Cette vieille fatigue</div><div style="text-align: justify;">dont je fais semblant d'ignorer la cause</div><div style="text-align: justify;">m'a emporté</div><div style="text-align: justify;">vers des territoires inédits."</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="color: #999999;">[Il dort ainsi pendant une éternité ; tout près, le recueil gondolé de Césaire]</span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">"Les images percutantes de Césaire dansent maintenant sous mes yeux. Et cette lancinante rage tient plus du désir de vivre dans la dignité que de vouloir dénoncer la colonisation. Le poète m'aide à faire le lien entre cette douleur qui me déchire et le subtil sourire de mon père."</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">• Dany Laferrière, <i>L'Enigme du retour</i>, Grasset, le reste du monde, 2009.</div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-37853693512994440142008-09-01T10:47:00.003+02:002008-09-01T10:56:15.509+02:00Trois couleurs<div style="text-align: justify;">"Peut-on tuer les montagnes, les fleurs ? Oui, on peut. Le soldat tire et le danseur tombe. Une pluie de feu et de sang sur les montagnes, les fleurs, le soleil. Le garçon est tombé et ne se relève pas. Sous la poussière et le sang, le vert, le rouge et le jaune ternissent et se mélangent."<br /><br />• S. Alexie, <span style="font-style: italic;">Kawa le Kurde</span>, roman, L'Harmattan, 2005.<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-84788525169173161932008-08-28T14:08:00.010+02:002008-08-28T14:55:10.651+02:00Le Pays-des-mots-gelés<div style="text-align: justify;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ20VF7AJ1fO81F5irZZ9Z6aPVZntATLlaxbRZzy-7CUzSUbeKOei2ybabASdR-2E_Irs1KKowf2qSDWAUSaNkEPLlx0ClZcb3Q8ZvTrbrM5_MpK0DSSWZNWgteWln0X61jg3bkck_HxIl/s1600-h/stele_naram_sin.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ20VF7AJ1fO81F5irZZ9Z6aPVZntATLlaxbRZzy-7CUzSUbeKOei2ybabASdR-2E_Irs1KKowf2qSDWAUSaNkEPLlx0ClZcb3Q8ZvTrbrM5_MpK0DSSWZNWgteWln0X61jg3bkck_HxIl/s320/stele_naram_sin.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5239549823252021778" border="0" /></a>"Il existe, entre les monts d'Arménie et la plaine basse de l'Irak, entre le plateau du Taurus et les contreforts du Zagros, un pays où les mots sont hors-la-loi et pour cela se figent et gèlent dans la bouche des hommes.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /><div style="text-align: justify;">Ce pays est le Pays-des-mots-gelés et ses habitants ont aujourd'hui une existence des plus mystérieuses. Ils furent là sans être là, ils sont là toujours, mais c'est un grand sans-gêne de leur part, car il a été prévu et décrété de toute éternité que jamais ils ne furent. Jamais. Ils n'existent pas. Ce peuple est une invention, un brûlot d'agitateurs, et depuis la plus haute antiquité il n'y eut sur ces terres que le vide. Les tumulus, les palais enfouis, les églises à coupole, les monastères de pierre, les bergers des montagnes, les nomades des tentes, les commerçants, les drogmans, les tisseurs de kilims, les seigneurs des châteaux, les guerriers redoutables aux beaux chevaux, furent et ne furent pas, car depuis toujours, et pour toujours, il n'y eut pas de ces gens dans ce pays. Et tout ce qui affirme le contraire doit être détruit. Et comme les mots sont plus indiscrets que les hommes, ce pays eut la particularité d'y voir déclaré sa langue hors-la-loi, alors que ses utilisateurs, officiellement, n'avaient jamais vécu.<br /></div><br />Mot gelés, figés, interdits, mots honteux et clandestins sortis de bouches inexistantes."<br /><br />• S. Alexie, <span style="font-style: italic;">Kawa le Kurde</span>, roman, L'Harmattan, "Lettres kurdes", 2005.<br /><br />• Stèle de victoire du roi Naram-Sîn, dynastie d'Akkad, vers 2254-2213. Paris, Musée du Louvre.<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-9386787621319155302008-08-28T13:30:00.003+02:002008-08-28T14:54:04.858+02:00Unicité<blockquote></blockquote><blockquote>'<span style="font-style: italic;">Mes sujets sont ma duplication</span>'</blockquote><div style="text-align: justify;"><blockquote></blockquote>Zohak faisait tout pour que s'accomplissent les promesses du voyageur. Il s'appliquait à couvrir l'empire des signes distinctifs de sa personne, de sorte que l'Iran soit un miroir du roi et de ses fantaisies. Ainsi, il osa soutenir cette hérésie inouïe, qui fit frémir les mobeds : que si le souverain était unique, son peuple se devait de l'être aussi. Tous, Mèdes, Mannéens, Lyciens et Perses, se devaient d'oublier ce qu'ils étaient, oublier leurs langues et leurs origines pour adopter celles du roi.<blockquote><span style="font-style: italic;">'Mes sujets sont ma duplication'</span></blockquote></div>Et les mobeds avaient pâli.<br /><div style="text-align: justify;">- Mais Sire, un roi doit régner sur la pluralité du monde, il doit rassembler en lui tous les caractères du monde.<br /></div><br /><div style="text-align: justify;">Mais le roi avait secoué la tête, avec son inimitable sourire. Et il répondit que non, que c'était au monde pluriel de s'unifier sous un monarque singulier, afin de ne plus ressembler qu'à lui. Et dans les écoles, on ne parlerait plus que la langue du roi et chaque nouveau-né devait être nommé dans la langue du roi. Et il advint une chose étonnante : chaque règne connaît ses opposants et ses bannis, mais sous le règne de Zohak, les mots eux-mêmes furent mis hors-la-loi. Et le roi se réjouit car il avait atteint ce qu'il désirait : un univers singulier, calqué sur sa personne. Et tout ce qui n'émanait pas de lui était retranché du monde."<br /><br />• S. Alexie, <span style="font-style: italic;">Kawa le Kurde</span>, roman, L'Harmattan, "Lettres kurdes", 2005.<br /></div><blockquote></blockquote>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-31017970065169106952008-08-28T11:25:00.010+02:002008-08-28T12:58:26.545+02:00Paroles craintives (5)<div style="text-align: justify;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii8BsVb8u-0qo6x16NhHXnzSGJ41knJ1D5U4wfCEq1nwc_uryi5nuDn5sk5mpB5cZuACzsB6uNbcdvDBEvzr9WUZkY6uAhw1ODtbDQKwSw4QD7X0IfHc9tr1LWobXJEO9syMP0n02Fh3tx/s1600-h/Baysonghori_Shahnameh_6_The_tyrant_Zahhak_is_nailed_to_the_walls_of_a_cave_in_Mount_Damavand.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii8BsVb8u-0qo6x16NhHXnzSGJ41knJ1D5U4wfCEq1nwc_uryi5nuDn5sk5mpB5cZuACzsB6uNbcdvDBEvzr9WUZkY6uAhw1ODtbDQKwSw4QD7X0IfHc9tr1LWobXJEO9syMP0n02Fh3tx/s320/Baysonghori_Shahnameh_6_The_tyrant_Zahhak_is_nailed_to_the_walls_of_a_cave_in_Mount_Damavand.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5239499037651065074" border="0" /></a>"Un romancier ne soutient de son autorité la cause de l'illusion que pour en faire la forme visible du vrai. Il ne peut donc se délivrer du mensonge qu'en exploitant les ressources multiples du mensonge. (De cette origine – accession à la vérité par le détour du mensonge – l'oeuvre tire ses contradictions et ses ambiguïtés.) Quand il donne au mensonge un corps et s'approprie son langage, ce ne peut être qu'à la seule fin d'instituer un monde de vérité. Autrement dit encore, le langage romanesque n'assure sa fonction qu'en recourant aux moyens dont se sert le mensonge, et c'est même, paradoxalement, la seule fonction qu'il puisse accomplir en toute vérité."<br /></div><div style="text-align: justify;"><br />• Louis-René des Forêts, <span style="font-style: italic;">Voies et détours de la fiction</span>, Fata Morgana, 2003.<br />[<span style="font-style: italic;">Tel Quel</span> numéro 10, 1962]<br /><br /><span style="font-style: italic;">• </span><span>Zohak attaché au mont Damavand</span><span style="font-style: italic;">, </span><span>Shahnameh</span> de Baysanghori (1430) - © The Gulistan Palace Museum, Tehran. Photo: Amin Mahdavi<br /><br /><br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-71175468343190684062008-08-28T11:14:00.004+02:002008-08-28T21:11:44.984+02:00Paroles craintives (4)<div style="text-align: justify;">"J'écris cette histoire qui advint aux commencements du monde, et qui est donc l'histoire de la première tyrannie du monde, de la première révolte du monde et des premiers mensonges du monde. Auparavant, on disait ce qui était, et tout ce qui était, était dit. Zohak, le premier, mentit sur le monde pour le conformer à sa volonté. Ce premier mensonge engendra une longue théorie de peurs et de mensonges, car le mensonge ne va jamais sans peur et la peur oblige à mentir. Les mots, pour la première fois, servirent à dire ce qui n'était pas, et par la suite, ce qui était dit sans être, devenait plus réel que ce qui était sans être dit. Et de plus en plus d'hommes eurent peur et donc mentirent, et à la fin, nous ne fûmes plus qu'un nombre très restreint à dire la vérité."<br /></div><br /><div style="text-align: justify;">Et alors nous avons commencé à écrire car la parole craintive a trouvé à se dissimuler dans le silence, et l'ombre sied aux pages que l'on noircit comme la vérité de la nuit. La parole est brave, claire éblouissante. L'écriture se tait, elle est une effraction, elle est crainte toute entière, un combat sournois, apeuré, contre la peur elle-même. Les diseurs sont des lions. Nous sommes les renards de la nuit."<br /><br />• S. Alexie, <span style="font-style: italic;">Kawa le Kurde</span>, roman, L'Harmattan, "Lettres kurdes", 2005.<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-77004398627345011952008-08-28T11:07:00.002+02:002008-08-28T11:13:52.849+02:00Paroles craintives (3)<div style="text-align: justify;">"Cette tentation du silence définitif habite tout écrivain, et cependant c'est un fait remarquable que très peu y succombent, comme si une force mystérieuse leur retirait le droit et jusqu'au pouvoir de prendre une décision aussi grave. 'Se taire, dit Blanchot, est une manière de s'exprimer dont l'illégitimité nous relance dans la parole'."<br /></div><br />• Louis-René des Forêts, <span style="font-style: italic;">Voies et détours de la fiction,</span> Fata Morgana , 2003.Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-54058241101393569512008-08-28T10:58:00.004+02:002008-08-28T12:57:18.224+02:00Paroles craintives (2)"Tout ce qui ne peut se dire qu'au moyen du silence, et la musique, cette musique des violons et des voix venues de si haut qu'on oublie qu'elles ne sont pas éternelles"<br /><br />[...]<br /><br /><div style="text-align: justify;">"Tout ce qui ne peut se dire que dans un excès de mots fébrilement jetés sur la page comme autant de coups de dés malchanceux, la mise chaque fois renouvelée en pure perte jusqu'à dilapider ses dernières ressources et se retirer d'un jeu auquel on feindrait de ne s'être prêté que par dérision, sans nul souci du gain, sans nul attrait pour ses vertiges... Mais parler en termes de jeu – où l'être jouerait en se perdant – c'est méconnaître la nécessité d'un mouvement qui de tout son poids s'oppose à la désinvolture qu'affiche le beau joueur faisant avec une froide élégance contre mauvaise fortune bon coeur pour dissimuler son dépit d'avoir rirsqué et manqué sa chance."<br /><br />• Louis-René des Forêts, <span style="font-style: italic;">Ostinato</span>, Mercure de France, 1997.<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-74066043374629999062008-08-28T10:44:00.005+02:002008-08-28T11:14:07.923+02:00Paroles craintives (1)<div style="text-align: justify;">"C'est une des charges de notre temps que d'exposer l'écrivain à une sorte de honte préalable. Il faut qu'il ait mauvaise conscience, il faut qu'il se sente en faute avant toute autre démarche. Dès qu'il se met à écrire, il s'entend interpeller joyeusement : «Eh bien, maintenant tu es perdu.» «Je dois donc cesser ?» «Non, si tu cesses, tu es perdu.» Ainsi parle le démon qui parla aussi à Goethe et fit de lui cet être impersonnel, dès sa vie au-delà de lui-même, impuissant à sombrer parce que ce pouvoir suprême lui avait été retiré. La force du démon est que par sa voix parlent des instances très différentes, de sorte que l'on ne sait jamais ce que signifie le «Tu es perdu ». Tantôt c'est le monde, le monde de la vie quotidienne, la nécessité d'agir, la loi du travail, le souci des hommes, la recherche des besoins. Parler quand le monde périt ne peut éveiller en celui qui le parle que le soupçon de sa frivolité, le désir, du moins, de se rapprocher par ses parles de la gravité du moment en prononçant des mots utiles, vrais et simples. «Tu es perdu» signifie : «Tu parles sans nécessité, pour te soustraire à la nécessité ; parole vaine, infatuée et coupable ; parole de luxe et d'indigence.» - «Je dois donc cesser!» «Non, si tu cesses, tu es perdu.»<br /><br />• M. Blanchot, <span style="font-style: italic;">Le Livre à venir</span>, Gallimard, "Folio essais", 1995 [1959], p. 47.<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-32275302110200907172008-07-10T07:59:00.008+02:002008-07-25T07:45:02.856+02:00S..tè.. .olai.e<div style="text-align: justify;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbfr9hZNjfD-ansLUiopoL4qGvrx2hM355keyppOFr7kqFvRLE7mbzdo4C_MtGp24htipg9v5ThsHaWXqffoMkfnpnQPbmeC6MKWffjagjuIFJWxlsswnjuUIonlJ9hNVtuQDJcONwLgVQ/s1600-h/Image+1.png"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbfr9hZNjfD-ansLUiopoL4qGvrx2hM355keyppOFr7kqFvRLE7mbzdo4C_MtGp24htipg9v5ThsHaWXqffoMkfnpnQPbmeC6MKWffjagjuIFJWxlsswnjuUIonlJ9hNVtuQDJcONwLgVQ/s200/Image+1.png" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5221263384301719314" border="0" /></a>"Les connaissances de la fillette ressemblaient à une carte du monde rongée par les souris, car elle avait reçu à Jordan College un enseignement fragmentaire et décousu [...] Elle avait entendu parler de l'atome et des particules élémentaires, des charges ambaromagnétiques, des quatre forces fondamentales et d'autres fragments de théologie expérimentale, mais elle ignorait tout du système solaire."<br /></div><div style="text-align: justify;"><br />• Philip Pullman, <span style="font-style: italic;">Les Royaumes du Nord</span>. Trad. Jean Esch.<br />Ill. Anselm Kieffer, <span style="font-style: italic;">La Bibliothèque.</span><br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-25001820613789091172008-06-30T22:40:00.011+02:002008-07-01T08:21:39.020+02:00C'est l'été, c'est le temps des rondes !<div style="text-align: justify;">Un joli questionnaire arrivé de <a href="http://theobald.schlegel.free.fr/">Théobald</a>. Puis-je demander à <a href="http://gangoueus.blogspot.com/">Gangoueus</a> d'y répondre à son tour ?<span style="font-weight: bold;"><br /><br />1) Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture ?</span><br /><br />Malheureusement aucun. Une chose est sûre : je savais lire avant d'entrer à l'école, avant l'âge de 5 ans donc.<br />La magie du premier déchiffrage, celle des mots qui soudain s'assemblent en phrases digestes, et que l'on finit d'ânonner sous l'oeil humide d'une mère, ces magies-là se sont perdues avec le souvenir de mes premiers pas, de ma première nuit sans couche, de mon premier jeu de mots, de mon premier steack.<br /><br />Mes parents expliquent très modestement ce petit miracle familial : ils me lisaient beaucoup d'histoires. Modeste, je n'irai pas plus loin : ils me lisaient beaucoup d'histoires.<br /><br /><br /><span style="font-weight: bold;">2)Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>J'aimais les histoires tristes, j'aimais les orphelins, j'avais un secret : j'étais leur reine silencieuse. Et puisque nous sommes entre nous, je peux dire aujourd'hui que leurs joies – souvent misérables, me faisaient verser plus de larmes que leurs peines. Jusqu'à l'âge de 8 ans au moins, j'ai lu et relu avec le même plaisir <span style="font-style: italic;">Les Malheurs de Sophie</span>, <span style="font-style: italic;">Un bon petit diable</span>, <span style="font-style: italic;">La Petite fille aux allumettes</span> et <span style="font-style: italic;">Sans Famille.</span><br /><br /><span style="font-weight: bold;">3)Aimez-vous la lecture à haute voix ? Comment ? Pourquoi ? </span><br /><br />J'adore. Enfant, j'étais troublée/bercée par cette voix – ma voix ? qui parlait d'autres langues que la mienne, d'autres mots, d'autres mondes. Aujourd'hui, je me surprends encore à relire tout haut un petit pan de phrase particulièrement beau, un poème, une scène. J'aime écouter les livres ; et lorsque j'écris un peu plus sérieusement, c'est l'oreille qui me guide.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">4)Votre conte préféré ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Quelque chose entre <span style="font-style: italic;">Le Vilain petit canard</span>, <span style="font-style: italic;">La Petite fille aux allumettes</span> et <span style="font-style: italic;">Une perle.</span><br /><br /><span style="font-weight: bold;">5)La meilleure adaptation cinématographique d'un roman ou d'une pièce de théâtre ?<br /><br /></span>Sans hésiter, <span style="font-style: italic;">Le Temps retrouvé</span> de Raoul Ruiz.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">6)Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre ou passages de roman ?<br /><br /></span>Jamais volontairement.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">7) Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes ? Lesquels ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Pas plus d'un livre en général. En ce moment : le <span style="font-style: italic;">Gradus des procédés littéraires</span> (pauvre m'sieur Dupriez !)<br /><br /><span style="font-weight: bold;">8)Avez-vous plusieurs lectures en chantier ? Combien ? Lesquelles ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Une anthologie : <span style="font-style: italic;">Récits de découvertes en Afrique</span>, <span style="font-style: italic;">Les Métamorphoses</span> d'Ovide et je vais sans doute commencer à relire les premiers volumes de la série <span style="font-style: italic;">Song of Ice and Fire</span> de G. R. R. Martin (le dernier est enfin annoncé pour septembre, avis aux amateurs !)<br /><br /><span style="font-weight: bold;">9)Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter ? </span><br /><br />J'en ai deux qui se fightent en ce moment même, comme je ne sais pas les départager ce soir : Rimbaud et Aragon.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">10)Le livre que vous avez lu le plus rapidement ? Le plus lentement ?</span><br /><br />Première question très très difficile, je suis souvent gloutonne. Pour jouer le jeu, <span style="font-style: italic;">L'Instant de ma mort</span>, de Maurice Blanchot ; le plus lentement ? <span style="font-style: italic;">L'Entretien infini </span>de Maurice Blanchot ;-)<br /><br /><span style="font-weight: bold;">11)Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours ?</span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Les livres que je viens de lire ou de relire traînent en général de longues semaines dans le salon. Disons qu'une quarantaine d'entre eux sortent de manière régulière.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">12)Préférez-vous les éditions de poche aux éditions originales ? Pourquoi ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Je n'ai pas de préférence marquée pour les éditions originales ou les grands formats, cela dépend des collections. Si j'ai le choix, j'évite par certaines collections en format poche : les GF (ils se délitent et la typographie est atroce), les Folio : l'appareil critique est désolant.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">13)Quel est votre rapport physique à la lecture ? Debout ? Assis ? Couché ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Comme mon cher Théobald, je me déclare perverse, je pratique toutes les positions.<br /><br /><span style="font-weight: bold;"> 14)Vos lectures sont-elles commentées « crayon à la main » ?</span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Presque toujours. C'en devient même agaçant. Parfois pourtant, l'émotion me fait lâcher le stylo ; mais comme je suis incorrigible, lorsque cela arrive, je relis l'ouvrage en me cramponnant audit stylo... lamentable.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">15)Offrez-vous des livres ? </span><br /><br />Très souvent oui.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">16)La plus belle dédicace ? (Qu'elle soit de l'auteur ou de celui/celle qui vous l'offrît) </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Elle figure sur un livre que m'avait offert ma grand-mère paternelle, une monographie consacrée à un peintre que j'adorais enfant."A Mlle Frog, invitation à la couleur entre Orient et Occident."<br /><br /><span style="font-weight: bold;">17)Quel est votre rapport sensuel au livre ? (son odeur, sa texture, le son des pages tournées, …</span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Très fort. Je le caresse, je le sens, je l'écoute. C'est pour moi un contact essentiel ; je n'ai jamais réussi à lire un e-book.<br />Le mois dernier, dans ma librairie de quartier, un homme d'une quarantaine d'année s'est subitement planté devant moi, yeux poignardés dans les miens, nez reniflant frénétiquement un livre ouvert. Depuis cette rencontre-miroir, j'essaie d'éviter de renifler mes livres en public.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">18)Quel(s) est (sont) le(s) auteur(s) dont vous avez lu l'œuvre intégrale ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Je ne sais pas si c'est exhaustif mais à coup sûr : Zola (Oeuvres de jeunesse (hum), théâtre, oeuvres critiques... ah l'idolâtrie adolescente...), Wilde, Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Proust, Perec, Des Forêts.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">19)Un livre qui vous a particulièrement fait rire ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Il y en a tellement... Un des tout derniers qui, entre mille autres, choses m'a beaucoup fait rire : <span style="font-style: italic;">Je suis un écrivain japonais </span>de Dany Laferrière.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">20)Un livre qui vous a particulièrement ému ? </span><br /><br />Tout aussi difficile... Je pourrais citer le précédent. Mais pour varier le plaisir, je dirais <span style="font-style: italic;">Kawa le Kurde,</span> de Sandrine Alexie, pour l'amour qui court les pages, sa poésie, sa force. Et puis aussi <span style="font-style: italic;">Peaux noires et masques blancs</span> de Franz Fanon, pour les mêmes raisons je crois.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">21)Le livre qui vous a terrifié ? </span><br /><br /><span style="font-style: italic;">Peintures</span> de Segalen. J'ai eu peur des livres et de leurs images.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">22)Le livre qui vous a fait pleurer ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Il m'aurait été plus simple de répondre à la question : "quel est le livre qui ne vous a pas fait pleurer ?"<br />Je citerai donc le dernier en date : <span style="font-style: italic;">Pays sans chapeau</span>, de Dany Laferrière.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">23)L'avertissement / l'introduction qui vous a le plus marqué ? </span><br /><br />Difficile encore... cette introduction sans titre des <span style="font-style: italic;">Actes</span> de Michel Deguy, qui se termine par "Le silence fut chez lui".<br /><br /><span style="font-weight: bold;">24)Le titre le plus marquant / original / décalé / astucieux ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><span style="font-style: italic;">Je suis un écrivain japonais </span>(forcément !), <span style="font-style: italic;">W ou le souvenir d'enfance</span>, <span style="font-style: italic;">Petits poèmes en prose, À travers la vitre.</span><br /><span style="font-style: italic;"></span><br /><span style="font-style: italic;"></span><span style="font-weight: bold;">25)Décrivez votre (vos) bibliothèque(s). </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Aucun meuble bibliothèque dans le salon, ils sont dans le bureau et dans la chambre. Dans les deux cas, un grand cirque que je ne cherche plus à domestiquer. Des piles clowns, des rangées trapézistes, des tas équilibristes, des tranches et des plats en désordre.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">26)Le(s) livre(s) dont vous vous êtes finalement débarrassé(s) ? </span><br /><br />J'ai fait don de cartons entiers de classiques format poche à une bibliothèque municipale lorsque j'ai sauté d'un étang à l'autre. Je me suis débarrassée de quelques livres, abandonnés sur des bancs ou sur un trottoir (Ne vous extasiez pas sur ma prétendue générosité, c'étaient de très mauvais livres).<br /><br /><span style="font-weight: bold;">27)L'endroit le plus insolite où vous lisez ? </span><br /><br />Dans la rue, en marchant ?<br /><br /><span style="font-weight: bold;">28)Il ne vous reste que trois jours à vivre, que souhaitez-vous lire ou relire ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Une partie de <span style="font-style: italic;">La Recherche du temps perdu</span> peut-être.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">29)Votre livre d'art préféré ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>En ce moment, <span style="font-style: italic;">L'Annonciation italienne</span> par Daniel Arasse.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">30)La bibliothèque idéale ? </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Celle d'un Borgès.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">31)L'incipit qui vous a le plus marqué </span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Ce n'est pas très original mais c'est un de mes plus beaux souvenirs de lecture : "Longtemps je me suis couché de bonne heure... "<br />J'avais 16 ans, je l'ai lu à voix haute. Un moment d'extase larmoyante.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">32) La fin qui vous a le plus marqué.</span><br /><span style="font-weight: bold;"></span><br /><span style="font-weight: bold;"></span>Presque sans hésiter :<br /><br />"Non, tu n'es plus le maître anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir. Tu n'es plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber." (<span style="font-style: italic;">Un homme qui dort</span>, George Perec)<br /><br />Et puis, plus récemment, le "Bonne nuit Da" de Dany Laferrière, dans <span style="font-style: italic;">L'Odeur du café.</span></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-49911508158794936472008-06-28T10:54:00.003+02:002008-06-28T11:52:28.904+02:00Vosu tagguez, il taggue, elle taggue (...) je taggue<div style="text-align: justify;">Voici un tag rigolo venu d<a href="http://gangoueus.blogspot.com/">'ici</a> et d<a href="http://romansetlectures.canalblog.com/">'ailleurs</a> :<br /><span style="font-style: italic;"></span><br /><span style="font-style: italic;"></span>[ Attrape le livre le plus proche<br />Va à la page 123 (ou 23 si short book !)<br />Trouve la 5ème phrase<br />Et recopie les 3 suivantes<br />Tagge 5 autres personnes ]<span style="font-style: italic;"></span><br /><span style="font-style: italic;"><span style="font-style: italic;"></span></span><br /><span style="font-style: italic;"><span style="font-style: italic;"></span></span><br /><span style="font-style: italic;"><span style="font-style: italic;"></span></span>Le livre le plus proche de Mademoiselle Frog : <span style="font-style: italic;">Voyages de découvertes en Afrique. 1790-1890</span>, une anthologie dirigée par Alain Ricard, publiée dans la collection Bouquins Laffont. Entre fictions de l'autre et de soi, regards délirants, coloniaux ou colonialistes, propos surprenants pour leur temps, les textes ici réunis s'ordonnent autour de quatre grandes parties, quatre fleuves : Niger, Zambègue, Nil et Congo. Outre une préface bien fichue où l'auteur, dès les premières lignes, prend soin de nous rappeler qu'ici personne n'a rien "découvert", que le seul mérite d'un Linvingstone est d'avoir été le premier Européen à "voir" les chutes Victoria, chaque texte est accompagné d'une notice éclairante (c'est malheureusement loin d'être toujours le cas dans les anthologies).<br /><br /><br />Page 123 donc, de la cinquième à la huitième phrase (je ne compte pas le sous-titre, c'est déjà assez frustrant comme ça !).<br /><br /><br /></div><span style="font-style: italic;">"Ce lieu se nommait Aououl-Moll (avant Moll).</span><br /><br /><span style="font-weight: bold; font-style: italic;">Vue du lac Tchad</span><br /><div style="text-align: justify;"><span style="font-style: italic;">Le grand lac Tchad réfléchissait les rayons du soleil. La vue de cet objet si intéressant pour nous, produisit en moi une satisfaction et une émotion dont aucune expression ne serait assez énergique pour rendre la force et la vivacité. Mon coeur battait avec violence, car je pensais que ce lac était la clef du grand problème dont no</span><span style="font-style: italic;">us cherchions la solution ; j'implorai en silence la bonté divine our qu'elle nous continuât sa protection, qui nous avait mis en état de venir si loin, bien portants, et vigoureux même pour accomplir notre tâche."</span><br /></div><div style="text-align: justify;"><br /><br /><br />Je taggue, nous tagguons (cinq vraiment, je commence par trois et complète ma liste dès que j'ai un (autre) moment.)<br /><br />- <a href="http://vitanova.blogspot.com/">Vita Nova</a><br />-<a href="http://theobald.schlegel.free.fr/index.html"> Theobald</a><br />- <a href="http://fittinginwiththemisfits.blogspot.com/">Fitting etc</a><br /><br /></div><br /><span style="font-style: italic;"></span>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-90383123952186367892008-06-12T15:11:00.007+02:002008-06-12T15:27:11.656+02:00A ciel ouvert ?<div style="text-align: center;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjg4j2l4zHqsurphHHi89F5vTKHTBqog32QDrfFvN5CZK__zAdQjtt6sVnqdSl8pK-Q7XSwBLXdCydpINOCLFEj0K9ieCbLZqYYMd_Uw2I_Tn_ViG-aFLIPhNWmuhU4NsTUWRDFdbh4qdTd/s1600-h/mannb.jpg"><img style="cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjg4j2l4zHqsurphHHi89F5vTKHTBqog32QDrfFvN5CZK__zAdQjtt6sVnqdSl8pK-Q7XSwBLXdCydpINOCLFEj0K9ieCbLZqYYMd_Uw2I_Tn_ViG-aFLIPhNWmuhU4NsTUWRDFdbh4qdTd/s400/mannb.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5210983834412842434" border="1" /></a><br /></div><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: center;"><br /><br /></div><span style="font-style: italic;">"Même guéri, je doutais de l'être. Je ne pouvais ni lire ni écrire. J'étais environné d'un Nord brumeux. Mais voici l'étrangeté : quoique me rappelant le contact atroce, je dépérissais à vivre derrière des rideaux et des verres fumés. Je voulais voir quelque chose en plein jour ; j'étais rassasié de l'agrément et du confort de la pénombre ; j'avais pour le jour un désir d'eau et d'air."</span><br /></div><br />M. Blanchot, <span style="font-style: italic;">La Folie du jour,</span> 1973.<br /><span style="font-size:85%;">(Ill. Mademoiselle Frog)</span>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-91096245830211996032008-06-03T15:21:00.005+02:002008-06-03T17:44:08.503+02:00Troisième genre<div style="text-align: justify;">"Dans ce rapport que nous isolons d'une manière qui n'est pas nécessairement abstraite, l'un n'est jamais compris par l'autre, ne forme pas avec lui un ensemble, ni une dualité, ni une unité possible, est étranger à l'autre, sans que cette étrangeté privilégie l'un ou l'autre. Ce rapport, nous l'appelons neutre, indiquant par là qu'il ne peut être ressaisi ni lorsqu'on affirme, ni quand on nie, exigeant du langage, non pas une indécision entre ces deux modes, mais une possibilité de dire qui dirait sans dire l'être et sans non plus le dénier. Et, par là, nous caractérisons peut-être l'un des traits essentiels de l'acte "littéraire" : le fait même d'écrire."<br /></div><br />• M. Blanchot, <span style="font-style: italic;">L'Entretien infini</span>, chap. VII, "Le rapport du troisième genre".Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-64215223982742130632008-05-27T13:05:00.007+02:002008-05-27T13:29:42.918+02:00Erreur<div style="text-align: justify;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYSaP-iqaaaM4eeChimZ_zCbdYZFgRvzaMrHdNXV89OvXUc2Vqn6dPQKFlNwzb84e0ynjRzX5r5494vj_aGbvovYKUzQU87svcZLkvpE1L1EgTGInNy6Qjtb6B1aOoWUDtpVTfIsYOJekX/s1600-h/307.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYSaP-iqaaaM4eeChimZ_zCbdYZFgRvzaMrHdNXV89OvXUc2Vqn6dPQKFlNwzb84e0ynjRzX5r5494vj_aGbvovYKUzQU87svcZLkvpE1L1EgTGInNy6Qjtb6B1aOoWUDtpVTfIsYOJekX/s320/307.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5205013809038720754" border="0" /></a>"- La recherche serait donc de la même sorte que l'erreur. Errer c'est tourner et retourner, s'abandonner à la magie du détour. L'égaré, c'est celui qui est sorti de la garde du centre, tourne autour de lui-même, livré au centre et non plus gardé par lui.<br /></div><div style="text-align: justify;">- Plus justement, il tourne autour..., verbe sans complément, il ne tourne pas autour de quelque chose, ni même de rien ; le centre n'est plus l'immobile aiguillon, cette pointe d'ouverture qui dégage secrètement l'espace du cheminement. L'égaré va de l'avant et il est au même point, il s'épuise en démarche, ne marchant pas, ne demeurant pas.<br />- Et il n'est pas au même point, quoique y étant par le retour. Cela est à considérer. Le retour efface le départ, l'erreur est sans chemin, elle est cette force aride qui déracine le paysage, dévaste le désert, abîme le lieu.<br />- Une marche dans les régions frontières et en frontière de la marche.<br /><br />(...)<br /><br />- Par l'erreur, vous dites que les choses ne se montrent ni ne se cachent, n'appartenant pas encore à la "région" où il y a lieu de se dévoiler et de se voiler.<br />- L'ai-je dit ? Je dirais plutôt : l'erreur est cette obstination sans persévérance qui, loin d'être l'affirmation sévèrement continuée, se poursuit en la détournant vers ce qui n'a rien de ferme. L'erreur essentielle est sans rapport avec le vrai qui est sans pouvoir sur elle. La vérité dissiperait l'erreur si elle la rencontrait. Mais il y a comme une erreur qui ruine tout pouvoir de rencontre. C'est probablement cela, errer : aller hors de la rencontre."<br /><br />• M. Blanchot, "Parler, ce n'est pas voir", <span style="font-style: italic;">L'Entretien infini</span>.<br />(Ill. Manuscrit de Proust)<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-45658521105246511042008-05-25T10:36:00.001+02:002008-05-25T10:39:18.635+02:00Continuités / discontinuités<div style="text-align: justify;">"Rappelons-nous que, dans la littérature moderne, c'est la préoccupation d'une parole <span style="font-style: italic;">profondément </span>continue qui a d'abord donné lieu, chez Lautréamont, chez Proust, puis dans le surréalisme, puis chez Joyce, des oeuvres évidemment scandaleuses. L'excès de continuité gêne le lecteur et gêne, chez le lecteur, les habitudes de la compréhension régulière. Lorsque André Breton ouvre l'espace de nos livres à ce qu'il nomme "<span style="font-style: italic;">la continuité absolue</span>", lorsqu'il appelle celui qui écrit à se fier "<span style="font-style: italic;">au caractère inépuisable du murmure</span>", s'il dérange alors nos façons de lire, c'est bien parce que l'esprit, dans sa démarche mesurée et méthodique, ne saurait faire face à l'intrusion immédiate de la totalité du réel (réel qui est précisément l'impossible continuité du "réel" et de "l'imaginaire").<br /><br />• M. Blanchot, <span style="font-style: italic;">L'Entretien infini.</span><br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-87337899549143469612008-05-25T10:07:00.003+02:002008-05-25T10:18:35.623+02:00Parole plurielle<div style="text-align: justify;">" L'une des questions qui se posent au langage de la recherche est donc liée à cette exigence d'une discontinuité. Comment parler de telle sorte que la parole soit essentiellement plurielle ? Comment peut s'affirmer la recherche d'une parole plurielle, fondée non plus sur l'égalité et l'inégalité, non plus sur la prédominance et la subordination, non pas sur la mutualité réciproque, mais sur la dissymétrie et l'irréversibilité, de telle manière que, entre les deux paroles, un rapport d'infinité soit toujours impliqué comme le mouvement de la signification même ?"<br /><br />• M. Blanchot, <span style="font-style: italic;">L'Entretien infini, ibid.</span><br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-69355226284870711022008-05-24T14:32:00.005+02:002008-05-24T14:41:59.060+02:00Dialectiques et entre-deux<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSRWZXf8WFVQ5OrnFIVXgzoYJNBI_aSQDjplZZNCsIPYIaU7KMD6eK2W7Pmle43Luy-Y7dKIe5QTvDoYg5-p12zK9Nh_uxnto6tNO15hwRmiYSpTaE3rrMPOXX7TxcvKFAHgMYPnDZ8BsJ/s1600-h/image007.jpg"><img style="margin: 0px auto 10px; display: block; text-align: center; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSRWZXf8WFVQ5OrnFIVXgzoYJNBI_aSQDjplZZNCsIPYIaU7KMD6eK2W7Pmle43Luy-Y7dKIe5QTvDoYg5-p12zK9Nh_uxnto6tNO15hwRmiYSpTaE3rrMPOXX7TxcvKFAHgMYPnDZ8BsJ/s320/image007.jpg" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5203923690504421074" border="0" /></a><br /><div style="text-align: justify;">"(...) la parole de la dialectique n'exclut pas, mais cherche à inclure le moment de la discontinuité : elle va d'une terme à son opposé, par exemple de l'Être au Néant; or qu'y a t-il *entre* les deux opposés ? Un néant plus essentiel que le néant même, le vide de l'entre-deux, un intervalle qui toujours se creuse et en se creusant se gonfle, le rien comme oeuvre et mouvement. Certes, le troisième terme, celui de la synthèse, va remplir ce vide et combler l'intervalle, mais cependant en principe ne le fait pas disparaître (car tout s'arrêterait aussitôt), au contraire le maintient en l'accomplissant, le réalise en cela même qu'il manque et ainsi fait de ce manque un pouvoir, une possibilité encore.<br /></div><br /><div style="text-align: justify;"> Démarche formellement à ce point décisive que la philosophie semble devoir s'y reposer dans son mouvement. Cependant, plusieurs difficultés vont aussitôt faire éclater cette forme. L'une est que la part de discontinuité s'y révèle insuffisante. Deux opposés, parce qu'ils ne sont qu'opposées, sont encore trop proches l'un de l'autre ; la contradiction ne représente pas une séparation décisive ; deux ennemis sont déjà engagés dans un rapport d'unité, alors que la différence entre "l'inconnu" et le familier est infinie. De là que, dans la forme dialectique, le moment de la synthèse et de la réconciliation finisse toujours par prédominer. Formellement, cette mise hors jeu de la discontinuité se traduit par la monotonie du développement à trois temps (remplaçant la rhétorique classique des trois parties du discours), tandis qu'institutionnellement, elle aboutit à l'identification de la Raison et de l'Etat et à la coïncidence de la Sagesse et de l'Université."<br /></div><br /><br /><span style="font-style: italic;">• </span>Maurice Blanchot,<span style="font-style: italic;"> L'Entretien infini, </span><span>"La pensée et l'exigence de discontinuité".</span><span style="font-style: italic;"><br />Ill</span>. M. C. Escher (1898-1972) <span style="font-style: italic;">Reptiles</span> (Lithographie) 1943Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-6744668016582173502008-05-23T12:53:00.008+02:002008-05-23T13:40:57.979+02:00Annonciations, incarnations, dialogues<div style="text-align: justify;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwqmGXT1Mvhg2tnm-GbflbeTnMVrnd0y06yyaXzTQptS689bZ3_vIz_YX9JIDsntJsFROT957K4jOMynqYGEWLih_hukebad5IGlCiZDCC7_yyganbTxOcHSMyqmVRKuh_IaFy2Ujjwdc9/s1600-h/Image+1.png"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwqmGXT1Mvhg2tnm-GbflbeTnMVrnd0y06yyaXzTQptS689bZ3_vIz_YX9JIDsntJsFROT957K4jOMynqYGEWLih_hukebad5IGlCiZDCC7_yyganbTxOcHSMyqmVRKuh_IaFy2Ujjwdc9/s320/Image+1.png" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5203530924335136434" border="0" /></a>"Comprenons que le philosophe n'est pas seulement celui qui enseigne ce qu'il sait ; comprenons aussi qu'il ne faut pas se contenter d'attribuer au maître un rôle d'exemple et définir son lien à l'élève comme un lien existentiel. Le maître représente une région absolument autre de l'espace et du temps ; cela signifie qu'il y a, de par sa présence, une dissymétrie dans les rapports de communication ; c'est-à-dire que, là où il est, le champ des rapports cesse d'être uni et présente une distorsion excluant toute relation droite et même une réversibilité des relations. L'existence du maître révèle une structure singulière de l'espace interrelationnel, d'où il résulte que la distance de l'élève au maître n'est pas la même que la distance du maître à l'élève — et plus encore : qu'il y a entre le point occupé par le maître, le point A, et le point occupé par le disciple, le point B, une séparation et comme un abîme, séparation qui va désormais être la mesure de toutes les autres distances et de tous les autres temps. Disons plus précisément que la présence de A introduit pour B, mais par conséquent aussi pour A, un <span style="font-style: italic;">rapport d'infinité</span> entre toutes choses et avant tout dans la parole qui assume ce rapport. Le maître n'est donc pas destiné à aplanir le champ des relations, mais à le bouleverser ; non pas à faciliter les chemins du savoir, mais d'abord à les rendre non seulement plus difficiles, mais proprement infrayables ; ce que la tradition orientale de la maîtrise montre assez bien. Le maître ne donne rien à connaître qui ne reste déterminé par l'"inconnu" indéterminable qu'il représente, inconnu qui ne s'affirme pas par le mystère, le prestige, l'érudition de celui qui enseigne, mais par la <span style="font-style: italic;">distance infinie</span> entre A et B. Or, connaître par la mesure de l'"inconnu", aller à la familiarité des choses en en réservant l'étrangeté, se rapporter à tout par l'expérience même de <span style="font-style: italic;">l'interruption</span> des rapports, ce n'est rien d'autre qu'entendre parler et apprendre à parler. Le rapport de maître à disciple est le rapport même de la parole, lorsqu'en celle-ci l'incommensurable se fait mesure et l'irrelation, rapport."<br /></div><div style="text-align: justify;"><br />◊ Maurice Blanchot, <span style="font-style: italic;">L'Entretien infini</span>, "La pensée et l'exigence de discontinuité".<br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3265582264968433212.post-77362908883112852112008-05-22T12:40:00.008+02:002008-05-24T15:16:49.279+02:00Métisse façon. Nuances<div style="text-align: justify;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHwq5fAHk2bJd2pwlEpFeLyOm2ffj1na6MnyuPuSoW4sR87a7ramsBkjt1wFYuKlQJ7Mk_u_AgGPMwgVIgdt7uuv80iFYMBS-goDF8tXFfV_TJhWrfY5BccmmpZvWeuq820Pn8wKa3Rhqj/s1600-h/couvmetisse1.gif"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHwq5fAHk2bJd2pwlEpFeLyOm2ffj1na6MnyuPuSoW4sR87a7ramsBkjt1wFYuKlQJ7Mk_u_AgGPMwgVIgdt7uuv80iFYMBS-goDF8tXFfV_TJhWrfY5BccmmpZvWeuq820Pn8wKa3Rhqj/s320/couvmetisse1.gif" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5203151274995973778" border="1" /></a>Six nouvelles, six fictions, des chemins qui se croisent, des échos, des abîmes et des ponts. Histoires de métisses donc, mais sans les fioritures enthousiastes du plaideur de métissage culturel : par la fable, par son style sobre, cassant et cru, Sarah Bouyain rend le métisse colonial à son histoire, ou plutôt à son manque d'histoire — ce qui, vous me l'accorderez, est encore l'Histoire.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br />A Paris ou à Bobo Dioulasso (Burkina Faso ou Haute Volta, c'est selon...), on s'éveille à son propre métissage derrière le tas d'ordures que l'autre a déposé devant le portail du jardin, on s'y éveille aussi sous le regard de la mère qui déplore secrètement ici la peau trop claire, là-bas l'oeil trop noir. Ailleurs et par honte, la fille de blancs-colons cannibales est devenue "métisse-minute" ; par honte encore, la fille d'immigrés-noirs-de-France rêve de devenir invisible : métissages culturels... nuances. Le monde est-il prêt à assumer ses entre-deux ?<br /><br />Métisse en quête : d'une couleur qu'il n'a pas, d'une culture qui l'ignore, qu'il ignore, d'un père, d'un nom, d'un lien à l'autre — on demande un auxiliaire de toute urgence !<br /><br />Métisses coloniaux que l'on ne veut pas voir : orphelinats pour métisses aux pères "légalement inconnus" — colons reconnus ; blanches maisons aux angles nets et aux lignes "trop droites" — vite, des ordures ! enfin, un gosse qui chie dessus ; métisses qui ne veulent plus être vus : coup de balai, les yeux fermés ; et parfois :<br /><br />(Salimata) "<span style="font-style: italic;">Bousculant femmes, chiens, hommes, vieillards et enfants, elle court droit devant elle jusqu'à ce qu'elle s'arrête brusquement, étourdie par la lumière du ciel. Dans sa hâte, elle a oublié de baisser les yeux.</span>"<br /><br /><span style="font-style: italic;">Métisse façon. Nuances </span>de Sarah Bouyain :<br />- Le tas d'ordures<br />- Arrangements<br />- Flair<br />- L'auxiliaire<br />- Dix filles sans papiers<br />- L'arrogance des moches<br /><br /><br />NdE : Mademoiselle frog me fait remarquer que pour comprendre ce post, il est impératif de lire le livre ; elle s'excuse du dérangement.<br /><br /></div>Mademoiselle Froghttp://www.blogger.com/profile/08650668524742316969noreply@blogger.com2